Danièle me faisait remarquer dans les commentaires de l'épisode 1, que je devais parler du serpent !
Ah oui, ce serpent.......
C'était je crois en 1956. J'étais allé passer quelques jours chez ma tante , Marie en compagnie de mes cousines : Lydia et Danièle et de leur maman, ma tante Thérèse.
La maison de Tata Marie se situait à Beau Fraisier, sur les hauteurs d'Alger. Je me souviens qu'on y voyait passer le Général Bigeart et ses troupes, en patrouille et en jeeps bruyantes. Les "évènements" d'Algérie avaient apporté une insécurité dans ce pays merveilleux qu'est l'Algérie, divisant une population qui s'entendait si bien avant ... mais ça c'est la politique ...!!!!! Bref le serpent disais-je.
Et donc, dans cette petite maison, pas loin d'une forêt d'eucalyptus, avec une grande terrasse ombragée d'une tonnelle de vigne, aux grappes lourdes et sucrées, nous coulions quelques jours heureux. Le matin, avec Lydia, nous nous battions pour aller chercher les oeufs au poulailler. C'est là aussi, qu'un beau jour, alors que nous jouions dans le vaste jardin, que nous aperçûmes Lydia et moi un énorme papillon noir et blanc. Nous sommes restées elle et moi, bouche bée. Je n'en ai jamais revu d'aussi grand, d'aussi beau. On arrachait les ailes des sauterelles, que nous conservions dans des boites d'allumettes vides et à la fin de la journée, nous les comptions. Il y en avait des bleues, des roses et des jaunes.
Le soir, nous nous endormions, fatiguées, moi dans un lit et mes cousines dans un autre. Nous étions réveillées, par ma Tante Thérèse, qui nous apportait le café au lait.
Un matin, alors que je dormais profondément (j'étais jeune !!!) j'entends ma tante me hurler dessus :
- Lyly, Lyly, un serpent, vite lève toi.
De fait un serpent, venu de je ne sais où, se dirigeait vers moi en ondulations menaçantes.
La peur donne des ailes dit-on, et bien je puis vous assurer que c'est absolument vrai, car de voir cette "chose" m'a fait faire un bond extraordinaire d'un lit à l'autre, soit peut-être 2m50, enfin je crois. J'ai volé de peur et j'ai un témoin : Danièle.
Plus tard, une autre sorte de peur, m'a donné des nageoires : je m'étais laissé prendre par la marée, l'eau montait rapidement, trop rapidement, je sentais que je n'avais plus pied et j'ai nagé, nagé ..... je n'étais pas seule : Gisèle, encore petite, sur les épaules de Pierre Sasso, Serge et Marco s'essoufflant à mes côtés. Ce jour là, nous avions la baraka.