jeudi 17 mars 2016

Rêve ou réalité ?

Elle regarde le paysage qui défile derrière la vitre du train régional qui la transporte jusqu'à Bordeaux.
Les grands pins des Landes et leurs cocons de chenilles... Quelle tristesse, la forêt landaise est malade..
Le train s'arrête à Dax. Des souvenirs heureux remontent à sa mémoire, elle aimait rendre visite à ses parents lorsqu'ils venaient en cure dans cette petite ville où toute la communauté dépend des curistes. Que serait Dax sans sa boue miraculeuse ?
Un voyageur s'installe en face d'elle; elle lui jette un regard machinal, il lui sourit.
Curieux ce personnage, pense-t-elle. Il me rappelle quelqu’un mais qui ?
Dans le reflet de la vitre elle observe son profil, son nez qu'il a gros et long, sa tignasse. Elle le connaît c'est sur, mais d'où ???
Son portable vibre dans son sac, elle regarde sur l'écran le texto que lui envoie son mari :
- tout va bien ?
- oui ça va, sauf qu'il y a un type en face moi, il me rappelle quelqu'un mais je ne sais pas qui !
- Tu n'as qu'à chercher, tu trouveras bien. Bisous
- Bisous.
Elle range son téléphone et soudain se souvient : oui c'est bien lui,  oui c'est bien lui Lasconi Yzokras, celui qui avait acheté une femme de chambre du SOFITEL, pour voler le Black Berry de KSD. Cette affaire a fait grand bruit dans le monde entier, non pas le vol du téléphone bien sur, mais la pauvre fille s'était faite "bousculer" par l'occupant de la chambre 2806.
L'homme, en face d'elle, la fixe puis tourne son ordinateur portable vers elle. Stupéfaite, elle voit son blog affiché sur l'écran .. mais comment est-ce possible ?
- Bonjour, je suppose que vous me reconnaissez ?
Elle reste muette, trop abasourdie pour prononcer une parole.
- Je me suis beaucoup amusé à vous lire, vous savez.. vos voyages, votre famille, votre jardin et votre article du 1er décembre 2011. Vous vous êtes bien moquée de moi quand même, dit-il en agitant ses épaules. Dites moi c'est vrai que j'agite mes épaules, c'est comme un tic, quoi ???
Toujours sans voix, elle le regarde bêtement.
- Ne soyez pas effrayée, j'avais envie de vous rencontrer et grâce à mes relations j'ai pu savoir qui vous étiez. Je suis dans ce train incognito et ...
Elle pense : tu parles, dans ce wagon il n'y a que moi, lui et ce jeune garçon qui dort depuis que nous partis de Bayonne.
Enfin, elle retrouve la parole pour dire :
- Monsieur le Président, désolée si je vous ai blessé, ce n'était qu'une petite histoire rigolote.
- Ne vous excusez pas, j'ai bien rit, surtout le passage du singe en rut ... hihih
- Pourquoi êtes vous là ?
- Pour vous demander un petit service : écrire sur l'occupant actuel de mes appartements, vous voyez de qui je parle ?
- Ben non !
- Mais oui, voyons, Siocnarf Ednalloh !
- Sans blague ! Tout ça pour pas grand chose !!! Il faut que je vous dise que j'ai perdu pas mal de mon imagination ces temps ci et surtout votre remplaçant ne m'inspire pas du tout !!
- Allons, allons, je suis certain que vous allez trouver quelque chose à écrire  ....
- Justement j'aurais trop à dire ....
Il se penche sur elle et lui dit : Je vous paierai vous savez.
Elle ne répond pas mais se met à penser que peut-être, éventuellement, pourquoi pas.....
- 20.000 €, c'est bien non ? ,
Elle le regarde, n'en croit pas ses oreilles. elle se penche à son tour vers lui au moment même où son vibreur se met en marche dans son sac. C'est son mari. Elle décroche :
- coucou c'est moi
- oui je le vois bien.
- Alors tu as trouvé ?
- Trouvé quoi ?
- Pas quoi, qui !
- Quoi, qui ?
- le type dans le train !
- Ah ça oui oui. Je t'en parlerai plus tard
- Je le connais ?
- Oui, mais arrête, je te dirais tout après.
- Ok, je te laisse ma chérie, je t'aime !
- Oui, moi aussi. Tchao !!
Durant cet échange, il n'a pas cessé de la regarder, de la jauger, de supputer ...
- Alors, Chère Madame, qu'en pensez-vous ?
- Je pense, Cher Monsieur, que vous m'accordez une importance que je n'ai pas, un talent que je n'ai pas non plus et un rapport à l'argent que je n'aurais jamais.
Il agite ses épaules, il n'est pas content, il plonge sa main  dans sa veste et la ressort avec une enveloppe bleue. Il l'ouvre et laisse une liasse de billets de 500 € sur la tablette SNCF.
Elle regarde le tas de papier monnaie , l'évalue à peu près à 50.000 €, ses mains tremblent, son pouls s'accélère.
- Vous avez là une jolie somme, laissez vous tenter. Moi même, il y a quelques années, j'ai commis le péché de tentation auprès d'une vieille dame richissime et un peu à l'ouest, vous voyez je n'en suis pas mort !
Tout cet argent, quelle aubaine, sa main se tend malgré elle vers ce pactole, elle va s'en emparer, quand elle voit du coin de l'oeil, le visage de l'autre se métamorphoser tandis qu'on la secoue vigoureusement
Elle tressaille, ouvre les yeux et se retrouve face à face avec le contrôleur moustachu
 de la SNCF, peu amène, qui lui dit quelque chose qu'elle ne comprend pas !
- Mes billets, mes billets..dit-elle..
- Madame, Madame, nous sommes arrivés au terminal de Bordeaux.
Alors elle réalise que tout ça n'était qu'un rêve ou un cauchemar.
Elle descend du train et se promet malgré tout, d'inventer une histoire pour rire, concernant l'homme au scooter.



5 commentaires:

  1. on attend la suite avec impatience .

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  2. Bientôt tu verras Obama vas savoir...

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  3. Ton imaginaire est fertile. Félicitations pour cette histoire qui m'amène à avoir une réflexion : moi, j'aurais pris le fric !!! Et je ne me serais jamais réveillé, même secoué par un contrôleur !

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  4. Hahaha! Trop bon! J'adore!

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  5. moi j'aurais pris le fric, sans états d'ame.
    Michelle S.

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