Il piaffe, il s'agite le Nicolas, il est pressé :
- Bon, moi je suis là et j'attends ...!!
- Tout doux Nicolas, ils vont arriver.
Et de fait, la blonde arrive, salut les journalistes, salut la foule massée sur la ligne de départ. Elle adresse à Nicolas son plus beau sourire carnassier :
- Il ne me fait pas peur le nabot, pense t-elle en prenant possession de son couloir, le quatrième à droite. .
- Je vais la démonter, cette pouffiasse, pense à son tour Nicolas, qui lui rend son sourire, la bouche en biais.
Le troisième personnage arrive, d'un pas très décidé.
- Ah, bien ils sont déjà là ceux là. On verra ce que l'on verra.
Alain s'installe lui aussi, à l'aise, dans son couloir, le second tout près de Nicolas, qui pense :
- Ah, voilà l'autre, le vieux, il ne fait pas le poids.
Son tic nerveux lui reprend, il bouge ses épaules, et ricane. Il s'impatiente, où est le quatrième candidat ??
- Nicolas, calme toi voyons, tiens prends un verre d'eau; on attend François.
- François, quel François, tu connais un François toi, y'a pas de François.
- Mais enfin, Nicolas, tu sais bien ..
- Pfff, je plaisante, je sais très bien qui est François, justement , il arrive le gars, pépère, tranquille, pas du tout pressé.. Tu crois qu'il y voit bien avec ses paupières tombantes ? Il a pris du poids non ? va pas pouvoir courir porcinet.....pffff
François, l'homme sur qui tout glisse, se place sans un regard aux autres, dans son couloir.
- Tout va bien, je suis en pleine forme et je vais gagner, c'est sur, se dit le François.
Tous sont dans les starting-block ; le départ est donné, le public applaudit, les journalistes mitraillent les belligérants .
Nicolas et Marine réagissent très vite et ont déjà deux enjambées d'avance sur les autres. Alain les suit coudes au corps; François se penche en avant, tête baissée, regarde ses baskets tous neufs et se décide enfin à courir.
Un drone suit les candidats.
Nicolas et Marine se détachent, quand soudainement, Alain passe devant eux, et peu à peu creuse l'écart.
Décontenancés, Marine et Nicolas allongent leurs foulées, sans pouvoir revenir au niveau d'Alain, le vieux.
Quant à François, il ne s'inquiète pas du tout de l'avance des trois autres. Ses lunettes se sont embuées, il court à droite, il court à gauche, dans son couloir.
- Tout va bien, je les ai en ligne de mire, ils ne m'échapperont pas.
Alain se trouve maintenant devant son épreuve : franchir en 5 minutes une large étendue d'eau presque noire, à forte odeur. Le gué se présente : une succession de pierres plus ou moins grosses, plus ou moins glissantes, plus ou moins éloignées l'une de l'autre. Cette odeur, c'est du sirop d'érable qui lui rappelle son séjour "forcé" au Québec, sa traversée du désert.
Il pose son pied sur la première pierre au moment même où Nicolas, lui aussi, se retrouve devant son défi : 50 casseroles éparpillées sur son couloir. Il doit en 5 minutes, faire 10 piles de casseroles, de la plus grande à la plus petite.
- La vache !!! dit-il à haute voix et sans plus attendre entame le tri des ustensiles.
Marine arrive elle aussi face à son épreuve : un tableau noir, sur lequel sont collées différentes photos de personnages, blacks, blancs, beurs; elle doit en 5 minutes, donner leur nationalité, leur degré de popularité et les qualités qui les caractérisent.
- Mince, je n'en connais aucun, qui sont ces sbires ?
Les trois premiers sont à pied d'oeuvre depuis déjà 3 minutes quant arrive François, en sueur, l'air d'en manquer justement.....
Il s'arrête, il se plie en deux, respire fort et enfin se décide à prendre connaissance de ce qui l'attend :
un grand espace de paintball. Les tireurs sont embusqués, prêts à faire "feu". Il y a là, des chômeurs, des retraités, des ouvriers de diverses usines, fermées ou en passe de l'être, d'anciens ministres de son gouvernement, des ex compagnes, des policiers, des gardiens de prison, des profs et des instituteurs, quelques fonctionnaires aussi. Près de là un scooter, il doit le faire démarrer le plus tôt possible, mais pour cela il devra trouver la bonne clé parmi la cinquantaine au sol, il a 5 minutes, et ce pendant les tirs.
Le temps passe, le drone au dessus d'eux tourne en rond. A bord une camera filme la scène.
Les quatre sont assidus à leur tâche, à part eux et le drone, personne aux alentours. Le public a été interdit, pas de caméra au sol, rien, ils sont dans un désert.
Et pour une raison que l'on ignore encore, le drone s'écrase au sol, à 1 mètre de Marine qui hurle qu'on a voulu l'assassiner.
François n'a rien vu, rien entendu. Il n'a jamais trouvé la bonne clé et se retrouve peint de la tête aux pieds.
Nicolas, est épuisé, son tic s'est accentué, ses épaules n'en finissent pas de descendre et monter.
Quant à Alain, il s'est englué dans le sirop d'érable et appel au secours.
Pendant ce temps, les français n'en peuvent plus et voudraient bien qu'on en finisse....mais c'est une autre histoire.